Un matin à New-York
«Bref, dit Natacha, je suis arrivée à New-York un matin assez tôt. Je n’avais aucune idée de ce qu’était une ville de ce genre, je connaissais bien Moscou bien sûr, un peu Paris mais ces villes sont si différentes et, si je parlais bien français, je ne balbutiais que quelques mots d’anglais. Je n’avais aucune idée du coût de la vie dans une grande ville capitaliste. J’avais bien réussi à trouver quelques dollars en le troquant contre du caviar que je détournais du restaurant de l’Union des écrivains mais je ne me rendais pas vraiment compte de sa valeur aussi je sais, aujourd’hui, que croyant voler c’est en fait moi qui me suis fait voler. Passons…
Me voici à New-York : je prends un taxi à l’aéroport… et dépense ainsi presque tout mon argent. N’en ayant pas d’autre j’ai donné au chauffeur l’adresse de celui que j’aimais. Il m’a conduit dans un quartier si sinistre que j’ai cru qu’il s’était trompé « Are you sure ? Are you sure ? » « Yes, yes… » et je ne comprenais rien du reste de ses réponses. Excédé il m’a montré le nom de la rue et le numéro. C’était bien là : le paradis capitaliste n’était guère mieux qu’un taudis communiste : l’immeuble était noir de crasse, l’escalier délabré plein de remugles de graisse… Je ne pouvais pas croire que mon héros, ce génie des lettres russes puisse accepter de vivre là. Et pourtant c’était bien son nom qui au cinquième et dernier étage était griffonné sur un morceau de carton punaisé à une porte.»
Me voici à New-York : je prends un taxi à l’aéroport… et dépense ainsi presque tout mon argent. N’en ayant pas d’autre j’ai donné au chauffeur l’adresse de celui que j’aimais. Il m’a conduit dans un quartier si sinistre que j’ai cru qu’il s’était trompé « Are you sure ? Are you sure ? » « Yes, yes… » et je ne comprenais rien du reste de ses réponses. Excédé il m’a montré le nom de la rue et le numéro. C’était bien là : le paradis capitaliste n’était guère mieux qu’un taudis communiste : l’immeuble était noir de crasse, l’escalier délabré plein de remugles de graisse… Je ne pouvais pas croire que mon héros, ce génie des lettres russes puisse accepter de vivre là. Et pourtant c’était bien son nom qui au cinquième et dernier étage était griffonné sur un morceau de carton punaisé à une porte.»