La poésie selon Marc Hodges

Publié le par Balpe

Marc Hodges a une approche très personnelle de la poésie, il estime en effet que ce mode d'écriture ne peut exister que dans une recherche attentive du niveau zéro du sens de façon à laisser, comme l'arome d'un bon vin, se développer la sensualité absolue que tout individu peut rencontrer dans un rapport à sa langue. Car il s'agit alors d'être dans l'absolu du langage, retrouver sa nature primitive et charnelle pour transmettre l'immédiateté des rapports sensibles au monde. Il dit que, pour cela, le poète, ou du moins celui qui désire s'engager dans une approche poétique de l'écriture, dispose de plusieurs moyens techniques qui ont été, ou non, et de façons différentes, explorés au long de l'histoire littéraire.

Marc Hodges classe ainsi plusieurs modalités techniques d'écriture:

- la technique de l'inconscient qui est une recherche de langue sous la langue, l'appui sur des anti-automatismes non contrôlés qui débarrassent la langue de sa tendance naturelle à l'appui sur des ensembles de locutions préfabriquées et rarement repensées. L'image est de cet ordre, davantage donc l'accumulation de l'image ou de l'ensensé, fatrasies, surréalismes, non-sens verses, etc. Les exemples ne manquent pas depuis "le parapluie et la machine à coudre sur une table de dissection" à "le scandale de la pluie abuse le soleil"…

- la technique des "surfaces": s'en tenir aux surfaces de la langue, à sa matérialité pure, travailler les sons, les rythmes, les dessins de la langue indépendamment de l'aspect signifiant que ces sons, rythmes, dessins peuvent représenter. Prendre le mot "mer" pour m+e+r, pour sa brièveté, ses associations sonores : mère, mare, mort, etc; "Et l'amour et la mer ont la mort pour partage"… Voie utilisée presque exclusivement par les écoles lettristes, spatialistes, sonores, etc. mais présente dans la plupart des jeux phonétiques de la poésie (rimes, rythmes, vers mesurés, etc.). Créer des langues imaginaires…

- la technique des "lieux communs": détruire le sens en accumulant les automatismes, faire de tout texte un amoncellement de banalités qui sont alors dynamitées par leurs évidences multiples, prendre des pages de l'annuaire du téléphone, faire des listes, des listes de listes, des collections de pseudo-sens dont la vacuité apparaît aussitôt amenant à faire ressortir ce que pourrait, devrait être la langue. Cette technique est une des plus utilisées dans la poésie contemporaine.

- laisser parler la langue seule, si possible sans intervention humaine visible: donner une place importante aux jeux du hasard, à l'aléatoire, aux rencontres fortuites… créer des "programmes" qui modélisant la langue la dynamitent de l'intérieur en laissant à des machines le soin de construire des "textes" qui, dans l'absence d'un auteur, sont par nature des anti-textes. Faire des machines de langue folles.

Il y a peut-être d'autres techniques encore et Marc Hodges prétend être à leur recherche. Il dit aussi qu'il n'y a aucune raison que chaque technique soit exclusive de toutes les autres, au contraire mais dès qu'elles sont recensées, elles deviennent partiellement obsolètes. Or, dit-il, ce qui l'intéresse, c'est d'aller plus loin, trouver des techniques d'abrasion luinguistique jusque là ignorées afin d'atteindre au cœur du bois, approcher d'une poésie sans cesse renouvelée.

Quoi qu'il en soit, comment comprendre les Poèmes de Marc Hodges à Gilberte sans prise en compte de cette approche théorique ?

Publié dans Marc Hodges

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L
Bien, oui, bien ,encore
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