Comment Uwe voit Marc Hodges

Publié le par Balpe

Je suis ainsi revenu à mon point de départ, presque un an pour raconter ce qui va vous permettre de comprendre ce qui va suivre car maintenant vous avez une petite idée de la complexité de la vie de Marc Hodges. Toute vie, même la plus apparemment simple, est faite d’un enchevêtrement inextricable de secondes qui, chacun d’entre elle, contient une infinité de possibles. Même si nous le percevons vaguement, sauf en de rares moments de lucidité, nous n’en avons bien sûr pas réellement conscience, mais il n’en est cependant pas moins vrai que la réalité de nos vies est ainsi et que l’essentiel de ce qui la constitue est fait de tremblements et d’incertitudes : Uwe a recherché Markus, elle a trouvé Marc Hodges. Elle est persuadée que cet homme est son père et c’est cela qu’elle cherche en lui mais lui l’ignore et ne voit en elle qu’une jeune fille — vingt ans de moins que lui — qui l’a trouvé après une longue recherche. Sa position est ambiguë : il ne sait pas exactement ce qu’elle sait de lui, à quel point sa mère, Nathalie, lui a parlé de lui, de leurs enthousiasmes juvéniles pour la justice et la liberté, de leurs activités clandestines mises au service d’organisations qui, au fond des choses, ne faisaient qu’exploiter leur naïveté.

Suite à leur première rencontre, Uwe — dont le tempérament exalté est plutôt lyrique — écrivit à Nathalie, sa mère une longue lettre décrivant Marc Hodges (je traduis et interprète) : « Ses yeux sont pleins de force. Ils ont le regard royal, fendu largment, découvrant l’iris au-dessus et au-dessous de la pupille. Leur aspect est en même temps un peu artificiel, comme s’il était le produit d’une opération délicate. S’y ajoute une fixité méridionale. On dirait l’œil d’un grand perroquet bleu, âgé de cent ans. Pas un bleu de ciel, ni un bleu de mer, ni celui d’une pierre précieuse, mais un bleu comme synthétique, inventé dans un pays lointain par un maître voulant surpasser la nature. Son œil étincelle sur les rives des fleuves venus d’autres mondes, dans le survol des clairières. »

Peut-être un jour faudra-t-il que je publie aussi ce que je connais des écrits d’Uwe… à moins qu’elle-même ne crée son blog, ce qui n’est pas invraisemblable.

Publié dans Uwe

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